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4 décembre 2013

Le procès du nationaliste corse Charles Santoni s'est ouvert à Paris

En 1996, un policier du RAID avait été tué en tentant de l'arrêter
Le procès du nationaliste corse Charles Santoni s'est ouvert, lundi 22 novembre, devant la cour d'assises spéciale de Paris. Comparaissant pour « homicide volontaire » et « tentative d'homicide volontaire », il est accusé d'avoir pris part, le 16 avril 1996, à une fusillade au cours de laquelle un policier du RAID et un autre nationaliste corse, Jean-Luc Orsoni, ont trouvé la mort.

 

LORSQU'IL prend part, le 16 avril 1996, à une fusillade sur une route qui mène à Ajaccio, Charles Santoni croit-il avoir affaire à des membres d'un mouvement nationaliste opposant à la Cuncolta, dont il dit avoir été un ancien sympathisant, ou savait-il que les occupants de la voiture qui l'avait pris en chasse étaient des policiers ? La question est au coeur du procès qui s'est ouvert, lundi 22 novembre, devant la cour d'assises spéciale de Paris, où Charles Santoni comparaît pour «  homicide volontaire  », «  tentative d'homicide volontaire  » et pour le délit connexe de «  transport d'armes  ». Lors de l'échange de coups de feu, un policier du RAID avait trouvé la mort, alors qu'un autre avait été blessé. Jean-Luc Orsoni, qui conduisait le véhicule transportant Charles Santoni, avait lui aussi été tué par des tirs de riposte.L'accusé avait pour sa part été blessé.

 

Agé aujourd'hui de trente-trois ans, Charles Santoni, alors recherché dans le cadre d'une enquête sur une tentative d'assassinat, a toujours dit, pendant l'instruction, qu'il ignorait l'identité réelle des hommes qui l'avaient suivi ce jour-là. Devant les sept magistrats professionnels de la cour d'assises spéciale, il a réitéré cette affirmation. «  A l'époque, j'étais menacé de mort, raconte-t-il. Deux de mes amis avaient été assassinés par des membres du MPA (Mouvement pour l'autodétermination) , la faction nationaliste rivale ; j'étais donc sur mes gardes. Des tracts avaient été diffusés, m'accusant de meurtres que je n'avais pas commis. On vous salit et, comme ça, quand vous êtes tué, ça n'étonne personne. »

 

« Vous dites n'avoir été qu'un sympathisant et non un militant actif de la Cuncolta, pourquoi étiez-vous en danger ? », s'étonne le président Jean-Pierre Getti. « La faction rivale agissait comme ça, j'avais été très proche de Jean Bachelli, l'une des victimes du MPA, mais je n'avais plus d'engagement depuis 1991. » Il affirme avoir pris ses distances quand il a senti que des « divisions » et la « dérive mafieuse de certains » affectaient le mouvement nationaliste.

 

Depuis la mort de son ami, Charles Santoni se sentait donc menacé. « Le soir des obsèques de Bachelli, des gens en cagoules et en armes m'ont attendu devant chez moi, explique-t-il. Il s'agissait clairement de m'impressionner » Charles Santoni est alors constamment armé d'un Colt Python et d'un Ruger 357 magnum, porte un gilet pare-balles et sort très peu de chez lui, «  pour être le moins vulnérable possible  ».

 

Quand, le 16 avril 1996, il remarque une Renault Clio garée à quelques centaines de mètres de son domicile avec des hommes à l'intérieur, il pense immédiatement à un commando de nationalistes dissidents. Quand il constate que la Clio suit la Toyota de Jean-Luc Orsoni, il sort ses armes. Quand une deuxième voiture débouche sur la route, il est persuadé d'être «  pris dans un guet-apens  ». «  J'ai dit à Jean-Luc  : ” S'ils approchent, on tire, on défend nos vies "  », se souvient-il. Des coups de feu sont échangés. «  Je ne sais pas qui a commencé, mais j'ai eu peur de mourir et j'ai tiré d'instinct. A aucun moment je n'ai vu un signe distinctif de la police. »

 

 

 

GYROPHARES ET BRASSARDS

 

A l'en croire, Charles Santoni n'aurait pris conscience qu'il avait affaire à des policiers qu'au moment de se rendre quand, blessé, il se dirige vers un inconnu qui n'est autre que le commissaire principal Christian Lambert, du RAID. Entendu comme témoin devant la cour d'assises, ce dernier est en désaccord total avec cette vision des faits. «  Il s'agissait d'une intervention de style sécurité publique, dit-il, c'est-à-dire que les véhicules devaient être équipés de gyrophares et que les policiers devaient porter le brassard police" »

 

Le commissaire Lambert se dit «  certain  » que ces consignes avaient été appliquées par les membres de son équipe, «  des hommes courageux, aguerris, pleins d'expérience et respectueux des instructions  ». Selon lui, la Toyota se serait volontairement arrêtée pour attendre la Clio. «  Ils ont forcément vu le gyrophare, affirme-t-il, et c'était un endroit idéal pour tendre un guet-apens aux policiers. »

 

Si le président Getti s'étonne que l'interpellation ait eu lieu sur la voie publique alors que Charles Santoni aurait peut-être pu être arrêté chez lui, Christian Lambert se retranche derrière la hiérarchie judiciaire : «  Le procureur général l'avait souhaité ainsi pour que les suspects soient pris en possession d'armes. Par ailleurs, les risques sont moindres sur la voie publique que dans un immeuble, même si nous savions que la mission était extrêmement dangereuse.  »

 

Deux membres du RAID, parties civiles au procès, Louis Garcia (blessé pendant l'intervention) et Paul-André Courtine, ont confirmé les dires de leur supérieur. «  Le gyrophare a été mis en place dès que nous avons eu le top de début d'interpellation et nous avions mis nos brassards bien avant, indique le premier. Quand je suis sorti de la voiture, j'ai crié : ”rendez-vous, police" , mais les tirs ont continué  ». «  Quand Santoni est sorti de son véhicule, j'ai cru qu'il allait s'enfuir, enchérit son collègue. Or, il s'est dirigé vers notre voiture, m'a vu et m'a visé, j'ai senti le souffle de la balle.  »

 

Charles Santoni dément : «  Comment vouliez-vous qu'à nous deux on tende un guet-apens à plusieurs policiers expérimentés du RAID  ?  ».

  Acacio Pereira



Le Monde

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